«Nous sommes sur le respirateur artificiel»

NICOLET. Le centre d’archives régionales du Séminaire de Nicolet vient de voir sa subvention d’aide au fonctionnement provenant de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)  amputée de près de 7 000$ pour se chiffrer à 17 418$… sous le niveau de 1991 et 1992.

La subvention accordée aux Archives du Séminaire de Nicolet se chiffrait effectivement à 20 000$ à ce moment-là, alors qu’on lui avait seulement versé la subvention de base sans argent pour l’acquisition, le traitement ou la diffusion.

De 1996 à 1998, elle avait été portée à 41 300$, avant de redescendre progressivement à 30 826$, de 1996 à 1998, puis à 21 064$, de 1999 à 2001, à 19 683$, de 2002 à 2004, 19478$, de 2005 à 2007, 19 125$, de 2008 à 2011, puis 24 276$, de 2012 à 2016.

C’est qu’au départ, il y avait une dizaine de centres d’archives agréés que se séparait l’enveloppe budgétaire qui n’a jamais été indexée. En plus de ne pas rehausser le financement, le nombre de centres agréés a graduellement augmenté pour atteindre 32 en 2016. Soit autant de centres qui se partagent la même enveloppe, ou presque, qu’il y a plus de 25 ans…

L’an dernier, il n’y avait pas eu de subvention en raison d’une révision des programmes. Une aide supplémentaire de 210 000$ par années pour 2018-2019 et 2019-2020 était pourtant attendue, mais l’enveloppe ne profitera pas vraiment aux Archives du Séminaire de Nicolet.

L’archiviste Marie Pelletier en train de faire du triage de documents. (Photo Sébastien Lacroix)

«Ils l’ont mis dans un autre programme, pour le traitement des fonds d’archives. Ce n’est pas pour le fonctionnement des centres d’archives. Quand il y a des documents à faire traiter, on peut aller piger là-dedans. On y a accès, mais notre besoin n’est pas pour faire du traitement, mais de l’argent pour fonctionner», explique l’archiviste Marie Pelletier.

Une réunion du conseil d’administration aura lieu le 7 novembre et une décision sera prise quant aux impacts qu’aura la coupe de 7 000$ sur un budget qui s’élevait à 105 000$. «Je suppose qu’on est capable d’éponger ça, mais je n’en dis pas plus. Je ne suis pas décisionnelle dans le conseil d’administration», mentionne l’archiviste.

Celle-ci craint que l’impact se fasse sentir dans deux ans, si on lui retire la subvention, comme c’est arrivé à sept d’entre eux alors que le nombre de centres financés est passé de 32 à 25. «Je crois qu’on est sur le respirateur artificiel. Parce que notre subvention est tellement minime que je pense que je vais peut-être faire partie de ceux qui, dans deux ans, ne seront plus financés», souligne Marie Pelletier.

Au bord du gouffre

Selon le Regroupement des services d’archives privées agréés du Québec, la subvention octroyée aux services d’archives privées était en moyenne de 30 000$, en 1990. Un montant qui n’a jamais été indexé à ce jour et qui vaudrait aujourd’hui 51 000$.

«Durant cette période les besoins matériels, numériques et professionnels ainsi que le coût de la vie, ont continué d’augmenter. Comment pouvons-nous assurer l’avenir de notre histoire si l’on ne nous fournit pas les moyens d’y parvenir? Au bord du gouffre, le milieu des archives privées est en pleine crise. Un investissement est nécessaire et inévitable pour notre survie», souligne le Regroupement.

Celui-ci a lancé une action «Nos archives près de la mort», invitant les gens à signer et partager la pétition «la menace d’un Alzheimer collectif programmée» adressée au ministère de la Culture et des Communications du Québec.