Le syndicat lance un appel à la reprise des négociations

ÉCONOMIE. À la suite du rejet massif de l’offre patronale présentée comme étant «globale et finale», le président du Syndicat des Métallos section locale 9700 (Aluminerie de Bécancour), Clément Masse, a lancé un ultime appel à la négociation.

Il a du même coup invité les politiciens de la région à user de leur influence non pas pour que les travailleurs acceptent l’offre, mais pour convaincre la partie patronale à revenir s’assoir à la table pour en arriver à une entente négociée.

Il estime que les deux parties se sont rapprochées et qu’ils pourraient être près d’une entente négociée. «Il manque des choses et c’est pourquoi nous souhaitons nous rassoir pour finir la négociation de façon raisonnée», soutient-il.

Du chemin a notamment été fait concernant le régime de retraite, mais le Syndicat souhaite que ses membres puissent avoir plus de temps pour prendre une décision. «C’est quelque chose d’extrêmement important et on nous lance une proposition comme ça dans une offre finale et globale. Il faut qu’on se laisse le temps de l’étudier puisque les risques inhérents seront à la charge des travailleurs», explique-t-il.

C’est que l’employeur souhaite se débarrasser du passif du régime de retraite de ses états financiers. Si l’option du régime à deux vitesses a été écartée, le Syndicat souhaite s’assurer que l’employeur investisse suffisamment.

La dernière proposition prévoit l’instauration d’un nouveau régime de retraite à financement salarial pour l’ensemble des travailleurs, sans distinction en fonction de la date d’embauche. Les années accumulées dans l’ancien régime seraient reconnues comme telles et pour le futur, mais l’employeur n’aurait plus à assumer les risques si les rendements ne sont pas au rendez-vous.

Les syndiqués ont rejeté l’offre patronale dans une proportion de 80,3%.

Un recours plus grand à la sous-traitance ainsi que le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre sont également au cœur du litige. Un enjeu qui est important aux yeux des travailleurs avec les nombreux départs à la retraite à venir.

Des nouveaux travailleurs pourraient se voir attribuer des postes sans qu’il y ait d’affichage à l’interne pour permettre aux plus anciens intéressés à changer de secteur ou à travailler sur un horaire de jour, par exemple.

Le Syndicat est par ailleurs resté évasif sur le contenu de l’entente, souhaitant ne pas nuire à la négociation en l’étalant sur la place publique.

La suite?

Même s’ils sont dotés d’un mandat de grève à exercer au moment jugé opportun, le Syndicat n’a pas brandi la menace de s’en servir dans un avenir rapproché. Le comité exécutif souhaite simplement que la négociation reprenne. «Nous n’avons pas de limite de temps», a assuré Clément Masse.

Le conciliateur qui est toujours au dossier pourrait d’ailleurs convoquer les deux parties pour tenter une reprise des pourparlers. La direction de l’ABI s’est limitée à dire qu’elle évaluera les prochaines étapes. Elle n’a pas souhaité donner d’entrevues aux médias.

Le Syndicat a aussi nié les informations voulant qu’il demande des investissements dans l’usine parmi les conditions d’acceptation de l’entente. «Ça déjà été fait lors des négociations pas le passé, mais la direction d’ABI qui est en face de nous, N’a pas le pouvoir de nous en promettre, explique Clément Masse. Les syndiqués de Baie-Comeau ont déjà signé après s’en être fait promettre et il n’y en pas eu.»

Clément Masse dément par ailleurs les informations voulant que l’usine puisse devenir désuète s’il n’y a pas d’investissements qui sont faites. «C’est une usine qui est très performante. Probablement la plus performante d’Alcoa et l’une des plus performantes au monde. Oui, il pourrait y avoir des investissements, mais elle fonctionne très bien et elle est rentable pour les propriétaires.»

Le syndicat a également fait valoir que le contexte économique est beaucoup plus favorable que lors des négociations de 2009 et 2012 et qu’il s’attendait à ce que ça se reflète dans la négociation.

S’ils sont conscients de l’importance économique de l’usine pour la ville de Bécancour et de la région, les syndiqués ne comptent pas plier pour autant. «C’est une négociation entre une entreprise privée et des travailleurs, rappelle Clément Masse. Nous n’avons pas à porter le poids économique de toute une région».