Il était une fois… la Nash Shirt

FILM. C’est dans la toute nouvelle salle multifonctionnelle «La couturière» qu’a été lancé le court métrage documentaire «Ma vie à la Nash», mercredi, à Saint-Léonard-d’Aston.

Dans ses lieux, où les machines à coudre se sont longtemps fait entendre, une cinquantaine de personnes qui avaient pratiquement toutes un lien avec la manufacture se sont partagé de nombreuses anecdotes.

Glen Nashen, le fils de Georges, qui était l’associé de Boris Katz était présent lors du lancement. Il a parlé au nom de son père qui est maintenant âgé de 94 ans. «Il se souvient avec beaucoup d’affection de ses années à Saint-Léonard-d’Aston», a lancé celui qui a lui aussi travaillé pour l’entreprise et qui y conserve de bons souvenirs.

Il n’est pas le seul! Il faut dire que plusieurs vouent un attachement à la manufacture de vêtement, qui a été en opération de 1949 à 1983. «Il a même déjà été dit de la Nash Shirt que Saint-Léonard-d’Aston habille le Canada», a rappelé M. Nashen.

Glen Nashen, fils de Georges et neveu de Boris, était sur place lors du lancement.

Pour la communauté, l’entreprise a joué un rôle économique et social très important embauchant plusieurs centaines, voire des milliers de personnes au fil des ans. À son apogée, l’entreprise a engagé jusqu’à 225 travailleurs et travailleuses. «C’est énorme pour un village», fait valoir Nicole Campeau qui a réalisé le documentaire sur des images d’Isabelle De blois.

«On pense que la majorité des femmes encore vivantes de 60 ans et plus ont travaillé à la Nash dans leur jeunesse à un moment ou un autre, continue-t-elle. C’était une opportunité pour les femmes qui n’était pas scolarisé, il n’y avait pas d’autres endroits où elles pouvaient travailler à part que dans une maison privée, un ou deux restaurants ou vendeuse dans quelques commerces.»

«Dans un milieu rural, c’était un travail accessible avant de se marier. Souvent, quand les enfants retournaient à l’école, elles revenaient ou elles faisaient du travail à la maison, continue-t-elle. C’était le deuxième salaire que l’on faisait à la NASH. Ç’avait une importance économique énorme.»

Des témoins se racontent

Le court-métrage met en vedette trois couturières, Cécile, Jeanne-d’Arc et Louisette, ainsi que le tailleur Armand, qui ont remonté leurs souvenirs pour raconter leur quotidien à l’usine et le contexte de l’époque.

Avec une bonne dose d’humour, ils racontent plusieurs anecdotes sur leurs conditions de travail et la générosité dont pouvait faire preuve le patron. On y traite aussi de l’importance de l’usine dans la vie de la communauté et des villages avoisinants.

On y dépeint aussi un portrait attachant aussi de Boris Katz, immigrant russe et patron de la Nash, qui a mis Saint-Léonard-d’Aston sur la carte, après y être arrivé par hasard, alors que son cheval était mort à cet endroit. «Il n’a pas bâti juste une shop, mais tout un village», lance-t-on dans le film.

Le contexte de la fermeture avec l’augmentation de la production en Asie ainsi que l’impact économique qu’elle a eu dans le village sont aussi abordés dans le documentaire.

Le film se conclut par la vie du bâtiment après la Nash Shirt, qui a été occupée par plusieurs entreprises avant d’être transformée en un édifice à vocation communautaire, culturelle et sportive qui est devenu «Chez Boris».

On ne peut toutefois pas revivre en images l’époque de la Nash dans le film. «On a été incapable de retrouver d’artefacts de cette époque, précise Nicole Campeau. Même des photos, nous en avons très peu. Parce que les gens n’avaient pas de iPhone à cette époque. Nous avons quelques photos d’activités extérieures et une à l’intérieur de l’usine.»

Quelques découpures de journaux, des documents d’archives ainsi que des chemises et des vestons en denim conservé par un ancien travailleur ont tout de même pu être inclus dans le film.

On peut encore voir les prises au plafond où se branchaient les machines à coudre dans la nouvelle salle à vocation communautaire et artistique.