Une reconstitution du Fort d’Odanak est dévoilée

ABÉNAKIS. Une modulation de ce qu’aurait eu l’air le Fort d’Odanak entre 1704 et 1759 a été dévoilée lors de la reprise des fouilles archéologiques, ce mardi, au Musée des Abénakis.

À partir d’une photo prise de la rivière Saint-François, l’archéologue Geneviève Treyvaud a reconstitué une image de la palissade qui avait été érigée par les Abénakis avant d’être détruite par un contingent de soldats britanniques.

Cette reconstitution a pu être réalisée grâce aux nombreuses découvertes faites au cours des dernières années, dont l’élévation du fort sur la terrasse.

À partir des traces de plusieurs centaines de piquets, et même de la présence de pieux carbonisés, les archéologues ont été en mesure de mieux comprendre comment a été fabriqué le Fort d’Odanak.

Sa reproduction est fort différente du plan dessiné en 1704 à partir duquel les fouilles ont commencé il y a cinq ans. «On est très loin de la palissade française typique et très droite. Elle est plutôt faite de piquets entrecroisés, de différentes grandeurs, et pas tout à fait droit», décrit Geneviève Treyvaud. C’est un fort qui est hybride, c’est-à-dire qu’il est à cheval entre un fort du régime français et un fort traditionnel abénakis.»

«On a trois sortes de vestiges de bois : de gros poteaux de trente centimètres de diamètre qui retiennent la palissade, des pieux de fortification et des piquets et petits pieux qui sont de la construction de la maison longue», précise-t-elle.

En plus de la reconstitution du fort d’Odanak, les archéologues ont dévoilé une carte sur laquelle on retrouve les différentes zones découvertes, que ce soit des piquets ou encore des fosses où étaient jetés différents objets.

Le fort est également constitué de zones artisanales où les Abénakis faisaient des peaux et des perles. Les archéologues croient d’ailleurs que le site fouillé était une zone où les métaux étaient recyclés.

«Le sol a été énormément chauffé. On retrouve beaucoup de petits morceaux de métal découpés, refaits, qui proviennent de chaudron et de fer de différents outils européens», souligne Geneviève Treyvaud.

Le site vise également à savoir s’il s’agit de l’extrémité de la palissade afin de mieux comprendre son orientation. Il est délimité à cinq mètres par trois, mais il n’est pas impossible qu’il soit ouvert un peu plus grand selon le déroulement des travaux.

Une carte de la Nouvelle-France, où sont indiqués «Les 3 Rivières», et différents endroits où vivaient les Abénakis, dont le Fort d’Odanak, a aussi été présentée.

Mieux cerner le moulin

En septembre, les fouilles archéologiques se déplaceront sur une île de la rivière aux Vaches, où les archéologues avaient trouvé les vestiges d’un moulin, l’automne dernier.

«Les recherches visent à mieux comprendre pourquoi il a été construit à cet endroit, qu’est-ce qui a dû être changé pour qu’il y ait un moulin sur la rivière Saint-François où il y a beaucoup de rapides», précise-t-elle.

En analysant des échantillons à différents niveaux dans le sol, les archéologues croient également être en mesure de savoir ce qui se faisait dans le moulin. «Ce peut être de la farine, de l’orge ou d’autres céréales. Il a été longtemps en fonction, alors il a pu y avoir une variation dans le travail qui y était fait», croit Geneviève Treyvaud.

Les archéologues veulent également connaître la fonction du moulin par rapport aux autres. «Plusieurs moulins ont été construits. Il y en a jusqu’à Ulverton, rappelle, l’archéologue. Ils ont tous eu une fonction à une période historique. Nous voulons aussi le réintégrer dans une vision régionale».