281 fermes laitières en moins depuis 20 ans sur la Rive-Sud

AGRICULTURE. Depuis 20 ans, le Québec a perdu plus de 5 000 fermes laitières. Une hécatombe qui ne semble pas s’arrêter alors que plus de 200 producteurs ont cessé leurs activités l’an dernier.

Si la baisse du nombre de fermes s’est limitée à 13 dans l’ensemble du Centre-du-Québec, la région est tout de même la plus touchée par le nombre de «fermetures» depuis 1996, selon des données colligées par TC Media.

En 2015, Nicolet-Yamaska, avec ses 168 fermes laitières, arrive d’ailleurs au troisième rang des MRC où il s’est perdu le plus de fermes durant cette période, avec une diminution de 173, ou de 50,7%, alors qu’on en comptait 341 en 1996.

La MRC de Bécancour figure quant à elle au 14e rang. De 233 fermes laitières, en 1996, il en restait 125, en 2015, une différence de 108 (-46,3%). Ce sont donc 281 fermes laitières qui ont disparu sur la Rive-Sud depuis 20 ans, soit une baisse de 49%.

Plusieurs MRC de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont aussi parmi les plus touchées. Arthabaska arrive 2e, avec une perte de 197 (-42,46%), Drummond est 4e, avec une baisse de 161 (-54%), Maskinongé se classe 7e, avec une diminution de 146 (-56,3%), et Trois-Rivières – Les Chenaux, se situe 10e rang avec une chute de 126 (-57,5%).

Plusieurs raisons

Pour le président des producteurs de lait du Centre-du-Québec, Normand Trodéchaud, ce phénomène s’explique par plusieurs raisons. À commencer par les craintes engendrées par les traités internationaux qui se sont succédé au cours des dernières années.

«Avec le Partenariat Transpacifique, des producteurs qui pensaient vendre, ne prennent pas de chance au cas où le quota baisserait, explique-t-il. On l’a déjà vécu avec le GATT, qui est devenu l’OMC, le libre-échange Nord-Américain et l’accord économique avec l’Union européenne: chaque fois qu’il y a des dangers que la gestion de l’offre soit menacée, des producteurs ont peur.»

Il y a également le manque de relève agricole dans l’industrie laitière qui explique cette «hécatombe», alors que plusieurs producteurs prennent leur retraite, mais également le fait que les fermes soient de plus en plus grosses.

La moyenne des troupeaux est ainsi beaucoup plus élevée qu’elle ne l’était, selon ce qu’indique Normand Trodéchaud. Les petites fermes sont maintenant de 30 à 35 vaches en lactation, alors que c’était la moyenne autrefois. La moyenne actuelle s’élève autour de 60 vaches en lactation, alors qu’il s’agissait de gros troupeaux, à l’époque. Aujourd’hui, les gros producteurs ont plus de 100 vaches en lactation.

«La technologie a fait en sorte que les fermes doivent être de plus en plus grosses parce qu’il faut au moins 50 ou 60 vaches en lactation pour rentabiliser un robot. Le producteur se retrouve acheteur de quotas. Pour ça, il faut qu’il y en ait qui en vende et il y a ainsi des fermes qui quittent.»

«C’est encore vivable d’avoir des petites fermes de 20 ou 25 vaches, mais il faut que tout soit payé depuis plusieurs années. Ces fermes sont difficilement transférables, parce qu’un producteur qui achète un petit troupeau ne peut pas avoir un salaire tout en remboursant ce que ça lui a coûté pour l’acquérir, continue-t-il. C’est pour ça qu’il doit avoir un troupeau plus gros et que des fermes disparaissent.»

Si le nombre de fermes a baissé, la production laitière n’a toutefois jamais cessé d’augmenter, passant d’environ 2,5 à 3 milliards de litres en vingt ans. Le Centre-du-Québec, qui est la région la plus productive, a toujours fourni autour des 14% de la production québécoise.

Avec la collaboration d’Ugo Giguère

 

 

Suivez Le Courrier Sud sur Facebook!