Les tentatives d’assimilation des autochtones ne sont pas chose du passé

POLITIQUE. Réagissant aux propos de la juge de la Cour suprême, Beverly McLaughlin, à l’effet que le Canada a tenté de commettre un «génocide culturel» contre les Autochtones aux 19e et 20e siècles, Denis Landry estime que les tentatives d’assimilation sont encore présentes de nos jours…

Le chef du conseil de bande d’Abénakis de Wôlinak donne en exemple une cause qui a été entendue cet hiver et dans laquelle la communauté est intervenue pour contester une clause discriminatoire dans la transmission des bénéfices du statut d’Indien.

La cause est actuellement en attente d’une décision de la Cour supérieure et pourrait avoir de graves répercussions sur la démographie des Abénakis qui pourrait ne plus avoir aucun descendant d’ici 100 ans… et ce même s’il y a plus de 3000 membres actuellement.

C’est qu’une clause de la Loi c-31 prive certaines personnes, dont la filiation indienne est dans la lignée maternelle, des bénéfices de la loi que procurent le droit à l’inscription au Registre des Indiens et la capacité de transmettre ce droit.

«C’est incroyable tout ce que nous avons pu entendre durant le procès. On resterait surpris de que le fédéral peut penser des autochtones, a témoigné le chef Denis Landry. L’assimilation, c’est le but qui est recherché. Ils nous parlent de pureté de sang, mais nous on se demande, c’est quoi un Canadien de nos jours?»

En étant près des grands centres, les Abénakis sont en quelque sorte «chanceux» puisque les membres sont intéressés à y demeurer, ce qui n’est pas le cas partout au Québec. «Dans les communautés du Nord, surtout, quand les jeunes partent et connaissent la ville, ils ne sont pas intéressés à revenir», indique-t-il.

Appauvrissement

S’il reconnaît les excuses présentées par le gouvernement Harper, en 2008, pour les sévices subis dans les pensionnats autochtones, Denis Landry estime que les autochtones sont toujours incapables de s’asseoir pour discuter d’égal à égal avec le fédéral.

Il estime que le fédéral appauvrit les communautés autochtones en n’accordant pas les budgets nécessaires et en devant prendre en charge les services en éducation, en habitation et le service de police.

«On doit se battre contre notre tuteur, parce que nous ne sommes pas propriétaires de terres des réserves, mais on en prend soin pour le fédéral…», témoigne Denis Landry, qui raconte avoir fait face à des menaces de rouvrir les ententes parce que la communauté a embauché des étudiants pour la représenter devant la Cour supérieure.