Un livre retrace l’influence des Patriotes sur la Rive-Sud

HISTOIRE. Un livre retraçant l’influence des Patriotes en Mauricie et au Centre-du-Québec met en lumière la tentative de soulèvement qui s’est produite sur la Rive-Sud, notamment à Nicolet, mais également à Bécancour, Baie-du-Febvre et Saint-François-du-Lac.

L’ouvrage de Jean-François Veilleux, qui a été publié il y a quelques semaines par Les Éditions du Québécois, souligne l’implication de trois personnages publics dans l’une des pages les plus importantes de notre histoire.

À l’aube de la résistance de 1837, les députés Jean-Baptiste Proulx et Jean-Baptiste Hébert, ainsi que le Dr Joseph-Ovide Rousseau, ont incité la population du comté de Nicolet à se soulever contre l’autorité britannique.

Leur activisme aura toutefois peu de conséquences le long de la rivière Nicolet, rapporte l’auteur, puisque «les interventions répétées en faveur du gouvernement britannique menées par le curé de Saint-Jean-Baptiste, l’abbé Jean Raimbault, porteront davantage fruit. La soumission des professionnels et des petits marchands au clan seigneurial semble aussi avoir démobilisé les masses rurales».

Ces quelques élites locales ont tout de même multiplié les assemblées sur le perron des églises après la messe du dimanche, notamment à Nicolet. Ils ont tenu des discours révolutionnaires accusant le Gouverneur de voler le peuple et traitant le gouvernement britannique de «tyrannique». Ils évoqueront même la révolte armée comme une possibilité.

Rousseau aurait par ailleurs menacé des loyalistes de les égorger s’ils ne se déclaraient pas patriotes, dont le forgeron Dugré, près de l’église de Nicolet, selon ce que raconte l’essai documenté de plus de 400 notes bibliographiques.

Hébert aurait quant à lui reçu le Patriote Joseph-Narcisse Pacaud à sa demeure de Nicolet. Celui-ci, qui arrivait alors de la rivière Chambly, lui aurait raconté avec stupéfaction avoir vu les femmes fondre leurs ustensiles pour en faire des balles pour tirer sur les Anglais.

Après les Rébellions, les trois hommes ont été arrêtés pour haute trahison, le 4 février 1838. Ils ont été envoyés à la prison de Montréal, au Pied-du-Courant, avec plus de 500 de leurs compatriotes.

Ils ont été accusés d’avoir fait partie de l’organisation révolutionnaire de leur comté et de s’être opposé au curé de la paroisse qui appuyait les loyalistes. Ils ont été libérés quelques jours plus tard, faute de preuves suffisantes.

Trois destins différents

Par la suite, Jean-Baptiste-Proulx, un des parlementaires qui avait appuyé les 92 résolutions présentées par Papineau, ne se mêlera plus de la chose publique. Profondément blessé de n’avoir été ni compris ni suivi lors de la rébellion, il reviendra à ses terres et agrandira son domaine agricole pour y cultiver 500 arpents. Une toute petite rue porte aujourd’hui son nom dans le secteur du Bas de la Rivière.

Son beau-frère, Jean-Baptiste Hébert, n’en restera pas là. Il sera par la suite activement impliqué dans la «guerre des Éteignoirs», un soulèvement contre ceux qui s’opposaient à la réforme du système scolaire, qui avait connu des débordements dans les comtés de Nicolet et de Yamaska. Une rue en son honneur est située près de l’école Curé-Brassard.

Joseph-Ovide Rousseau s’est quant à lui impliqué en politique municipale, devenant le tout premier maire de la Ville de Nicolet. C’est la raison pour laquelle la salle du conseil municipal porte aujourd’hui son nom.