L’amour, poing final!

Nathalie Bellerose-Hamel est rayonnante, pleine de vie. Lorsqu’on la rencontre, jamais on ne pourrait se douter que de difficiles épreuves ont ponctué son enfance et son adolescence. À 25 ans, elle s’apprête à lancer son tout premier livre, «L’amour, poing final!», relatant l’histoire qui a bâtie la femme qu’elle est aujourd’hui devenue.

«Lorsqu’on vit de la violence conjugale, de la manipulation, des phobies sociales et qu’on est aux prises avec des dépendances à la drogue et l’alcool, on pense qu’on est seule à vivre tout ça. Ce que je veux avec mon livre, c’est aider ceux qui traversent aussi ces épreuves pour leur montrer qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent s’en sortir », dit-elle d’entrée de jeu.

 

Nathalie a été initiée tôt à la sexualité. Beaucoup trop tôt. Âgée de 9 ans seulement, elle est agressée sexuellement.

«J’ai longtemps pensé que je n’avais pas été victime d’un viol, car je ne n’avais rien dit et que ça été fait sous forme de jeu. Mais, maintenant, je le réalise », dit la Nicolétaine.

 

Longtemps, elle croira que pour être aimée, elle doit poser les gestes que font «les grands», soit s’adonner à la sexualité.

 

«Au cours de mon adolescence, je recherchais l’attention, je voulais être aimée, je recherchais l’amour, car je ne m’aimais pas. Il s’avérait que j’étais attirée par les hommes violents et manipulateurs. Et cet amour malsain qu’ils m’offraient, je croyais que c’était le seul que je puisse avoir», raconte-t-elle.

Une relation tumultueuse

Un jour, son conjoint décide de s’en prendre au chat de Nathalie, sous ses yeux.

« Les animaux, c’est ma passion. Alors, il l’a pris par la queue et, après l’avoir fait tournoyer dans les airs, l’a frappé sur le mur. J’étais horrifiée et n’ai pas compris son geste soudain. La bête a été si sonnée qu’elle a eu des convulsions. Ses yeux sont sortis de leur orbite, et j’ai regardé avec horreur mon petit chat cracher de la bave blanche et trembler de tous ses membres. Je trouvais ça horrifiant ! J’ai aussi regardé le visage sadique de mon copain qui prenait plaisir d’assister à cette scène… J’ai eu si peur », raconte-t-elle.

 

Alors adolescente, elle comprend que son copain aime voir la peur dans ses yeux.

«Je suis donc devenue froide et je ne montrais plus ma peur à quiconque. Pleurer, c’était un signe de faiblesse et moi, j’étais forte. Je suis restée de très nombreuses années de cette manière. À ne plus vivre mes émotions. Je ne me doutais point que cela allait me rattraper tôt ou tard… Car ensuite, c’est à moi qu’il s’en est pris», se rappelle-t-elle.

 

S’en sont suivi plusieurs histoires amoureuses où la violence était omniprésente. Nathalie est ainsi devenue de plus en plus renfermée.

« Je refoulais tout, absolument tout. J’en étais même rendue à me cacher des sentiments à moi-même. De cette façon, je pensais que plus personne ne pourrait m’atteindre», soutient-elle.

Des crises de paniques

«À 20 ans, je me suis dit que l’amour, c’était fini pour moi. Plus jamais je ne voulais de quelqu’un dans ma vie. Puis sont arrivées les crises de paniques. Dans mon milieu de travail, dans lequel j’étais en contact avec le public, je me suis mise à avoir peur des gens, à être étourdie, à avoir de grandes chaleurs. J’ai donc arrêté de sortir, de travailler, de faire l’épicerie. Je n’étais plus fonctionnelle », relate-t-elle.

Plusieurs mois plus tard, Nathalie en a assez. Elle s’informe sur ses troubles, lit le livre «Guérir ses peurs» de Nathalie Jean et décide de consulter un psychologue au Centre de Santé et des Services sociaux (CSSS) de Bécancour Nicolet-Yamaska.

« Ça a super bien été. On m’a expliqué ce qu’était la phobie sociale et pourquoi ces crises m’arrivaient. On m’a donné les outils nécessaires pour savoir quoi faire quand elles survenaient. On m’a appris à être à l’écoute de moi-même, à vivre mes émotions sainement. Au bout de quelques mois, j’étais prête à voler de mes propres ailes et à vivre un vrai bonheur, sans porter de masque, sans consommer», affirme la jeune femme.

 

Maintenant, Nathalie connaît ses limites et choisie qui elle laisse entrer dans sa vie. Elle ne consomme plus de drogues et ne boit plus d’alcool lorsqu’elle est triste ou nerveuse. Je suis tout de même parfois anxieuse, mais mon anxiété n’est plus un fardeau, car je sais maintenant comment réagir face à ces peurs émotionnelles.»

Les hommes violents, jaloux ou manipulateurs ne sont plus les bienvenus.

«Le plus important, c’est qu’aujourd’hui, je peux dire haut et fort que je m’aime », souligne-t-elle.

«J’étais maintenant entrée dans le monde des grands, avant même que mes seins ne soient poussés, avant même que mes menstruations n’aient débuté… Avant même que le désir existe en moi…», écrit Nathalie dans son livre.