La Passerelle célèbre ses 20 ans

SANTÉ MENTALE. Avoir un proche atteint de maladie mentale peut être bouleversant et peu de familles peuvent se dire à l’abri. Saviez-vous que la Rive-Sud possède depuis 20 ans un organisme qui offre de services de soutien aux membres de l’entourage d’un proche atteint d’un trouble majeur de santé mentale?

En effet, c’est en 1996 que La Passerelle a été fondée, et ce, par des gens du milieu. «Ce sont des gens qui avaient un proche atteint d’une maladie mentale et qui souhaitaient aider d’autres familles. La mission de La Passerelle a toujours été la même: regrouper les membres de l’entourage d’une personne atteinte qui présente des manifestations cliniques reliées à un trouble majeur de santé mentale, leur offrir une gamme de services de soutien, et ce, afin de leur permettre d’actualiser leur potentiel», exprime d’entrée de jeu Josée Arsenault, directrice de l’organisme.

La Passerelle ne s’adresse donc pas à la personne atteinte elle-même, qui sera redirigée vers une autre ressource, mais bien aux membres de son entourage (père, mère, membre de la fratrie, conjoint, enfant ou ami). Pour qu’un proche puisse profiter des services de l’organisme, qui dessert le territoire de Bécancour-Nicolet-Yamaska, la personne atteinte de maladie mentale doit toutefois être âgée de 18 ans et plus.

«Avant, il y a plusieurs années, il n’y avait pas tellement de place pour les proches de ces gens-là, alors que les membres de la famille sont les plus près et ce sont souvent eux qui connaissent le mieux la situation de la personne atteinte. Ils peuvent donner des informations importantes et pertinentes aux intervenants et spécialistes», soutient Mme Arsenault, qui était intervenante depuis deux ans à La Passerelle, avant d’accéder à la direction générale en décembre dernier.

«Il faut que les familles soient reconnues et aient leur place, clame-t-elle. Si les proches sont mieux outillés, ils seront plus en mesure d’agir différemment et cela apaisera définitivement certaines situations.»

Expertise et services

Au fil des années, l’équipe de La Passerelle a développé une expertise qui est reconnue dans le milieu. Aujourd’hui, l’organisme basé à Saint-Grégoire compte quelque 200 membres.

L’expression «trouble majeur de santé mentale» intègre à la fois les troubles non diagnostiqués et les cinq maladies mentales qui sont desservies à la base par l’association, c’est-à-dire la schizophrénie, le trouble bipolaire, le trouble de personnalité limite, le trouble obsessionnel-compulsif, ainsi que la dépression majeure.

Pour leur venir en aide, l’organisme offre aux familles et amis des rencontres psychosociales individuelles afin de pouvoir extérioriser en toute confidentialité leur vécu. Des ateliers d’information afin de mieux comprendre la maladie sont également offerts gratuitement, de même que différents ateliers de formation et du répit afin de prévenir une éventuelle détérioration des ressources de soutien.

«Quand ils arrivent ici, les gens ont souvent beaucoup de peine et ressentent beaucoup de culpabilité. C’est de la tristesse par rapport à l’impuissance. Lors de la première rencontre, la personne va souvent jaser avec l’intervenant de ce qu’elle vit, partager sa situation et son vécu», résume la directrice.

Elle ajoute que le partage d’expérience entre les membres est aussi bénéfique puisque «l’expérience d’anciens membres est riche pour les nouveaux. Leur vécu peut en aider d’autres.»

Après quelques rencontres, Josée Arsenault affirme que les commentaires sont généralement positifs. «Les gens réalisent qu’ils ne peuvent pas porter la vie de la personne atteinte sur leurs épaules. Ils comprennent qu’ils ont le droit de dire «non», qu’ils peuvent mettre leurs limites, se protéger et se donner le droit «d’avoir un vie». La peine et la culpabilité diminuent.»

Nouvelle équipe

La petite équipe de La Passerelle est nouvelle depuis novembre dernier, leurs prédécesseurs ayant pris leur retraite. Les trois membres se disent prêts à poursuivre les travaux amorcés et en créer de nouveaux. Entre autres, au cours des prochains mois, l’organisme entend créer des liens avec les entreprises. «Nous voulons donner un coup de main aux employeurs qui ont des gens atteints de maladie mentale dans leur équipe», indique Mme Arsenault.

Notons que La Passerelle est financée par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ) et Centraide. L’organisme est également accrédité la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM).

Faire ensemble et autrement

Le Plan d’action en santé mentale (PASM) 2015-2020 du gouvernement du Québec a pour thème de «faire ensemble et autrement», ce qui réjouit Josée Arsenault. «On parle de plus en plus de la santé mentale et c’est rassurant de voir que le plan d’action vise à donner une place importante aux familles», mentionne-t-elle.

Suivez Le Courrier Sud sur Facebook!