Quarante ans au volant d’un autobus scolaire

RETRAITE. La fin des classes avait une saveur particulière pour Jean-Noël Duval, qui aura transporté deux générations d’élèves de Baie-du-Febvre au cours de cinq décennies.

Pendant plus de 40 ans, il a reconduit les jeunes du Bas de la Baie et de la rue Principale, laissant les enfants du primaire à l’école Paradis, avant de continuer sa route vers le Collège Notre-Dame-de-l’Assomption (CNDA), puis l’école secondaire Jean-Nicolet.

En tout, il aura franchi environ 1,1 million de kilomètres depuis ses débuts, en septembre 1975, et ce, sans jamais avoir eu d’accident, ni commis d’infraction au Code de la sécurité routière. Il avait en effet conservé un dossier de conducteur complètement vierge au moment de se retirer, à l’âge vénérable de 82 ans.

Il s’est toujours fait extrêmement prudent lorsqu’il était derrière le volant, lui qui était pleinement conscient de la responsabilité qui lui incombait. «C’était la sécurité tout le temps, tout le temps, tout le temps, nous a-t-il confié, juste avant d’effectuer son dernier voyage de retour, le 22 juin dernier. Les élèves, ce sont nos remplaçants, et je n’étais pas intéressé à ce qu’il y en ait un qui se blesse quand je le conduisais.»

Il n’a jamais dépassé la limite de vitesse imposée par les transporteurs. «Les autobus sont barrés à 100 km/h, mais si un conducteur reçoit un billet d’infraction, le patron aussi en un, explique M. Duval. C’est pourquoi ils insistent pour ne pas qu’on aille plus vite que 90 km/h.»

Au départ, c’est pour arrondir ses fins de mois que Jean-Noël Duval avait décidé de se lancer dans une carrière de conducteur à l’emploi des Autobus Bélisle, puis des Autobus Aston. À l’époque, il était propriétaire d’un restaurant avec un garage qu’il a opéré de 1967 à 1987 et qui avait été exproprié lors de la construction de la route provinciale.

Par la suite, c’est l’amour des enfants qui l’a tenu derrière son volant tout au long de ces années. Un amour que lui rendaient autant les enfants que les parents qu’il avait déjà reconduits, durant leur enfance et leur adolescence.

«Il y a une demoiselle de troisième année qui me prenait par le cou et me disait bonjour en passant à tous les matins, raconte-t-il. Comme ç’a commencé à se savoir que je ne revenais pas, j’ai reçu des cartes de remerciements de la part de parents que j’avais reconduits.»

Après avoir ramené à la maison les enfants du primaire et du secondaire pour une dernière fois, la semaine dernière, M. Duval a rendu les clés de son autobus… avec un certain pincement au cœur.

Même si ses patrons souhaitaient qu’il continue de reconduire des élèves à l’occasion, comme remplaçant, l’octogénaire a décidé que c’était bel et bien terminé. Malgré une forme physique remarquable, qui lui assurera sans doute une longue retraite, M. Duval ressentait de plus en plus de fatigue lorsqu’il terminait ses trajets du matin et du soir.

D’une génération à l’autre

Tout au long de ces années, Jean-Noël Duval a vu la jeunesse évoluer au fil des générations. Même qu’à ses débuts, dans les années 1970, les jeunes pouvaient fumer dans l’autobus! Il a aussi vu passer toutes les modes des jeunes des années 1980 et 1990, avant de reconduire leurs enfants.

Il ne pouvait toutefois pas dire si une époque avait été plus dure qu’une autre, lui qui a eu à faire la discipline tout au long de ces années durant le transport scolaire. «Ça brassait des bouts. Il y en a eu des capables», se remémore-t-il.

«Avec la douceur, on venait à bout de faire des parcours qui avaient du bon sens, sans se faire détester. Parce qu’à partir du moment où les enfants nous haïssent comme chauffeur d’autobus, c’est fini. J’avais un certain respect de la part des jeunes, témoigne-t-il. Ça nous arrivait de parler franc et des fois un peu plus fort pour se faire comprendre.»

Dans l’ensemble, Jean-Noël Duval conserve de bons souvenirs de tous ceux et celles qu’il a eu la chance de côtoyer tout au long de ses quarante années scolaires. «J’ai apprécié les jeunes. Ils étaient très polis», souligne-t-il.

Avec la collaboration de Rosaire Lemay

 

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