Un pas de plus pour Minéraux rares Quest

ÉCONOMIE. Le projet de Minéraux rares Quest avance lentement, mais sûrement.

Après avoir réservé une option sur un terrain dans le parc industriel et portuaire de Bécancour, puis annoncé l’ajout d’une usine de séparation il y a environ un an, l’entreprise amorcera la première étape d’une étude de faisabilité.

Grâce à un maximum de 600 000 $ en capital-actions provenant d’Investissement-Québec, Quest pourra bientôt effectuer des travaux environnementaux et d’optimisation des procédés évalués à 3,6 millions $ et dont la balance provient de financement privé.

Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, mais on s’approche un peu plus de la première pelletée de terre du début des travaux de construction prévus en 2017 pour la mise en activité de la mine, en 2019, et une exploitation de 30 à 50 ans.

Toutefois, comme l’a fait valoir le président de Quest, Pierre Lortie, quelques défis seront à surmonter pour y arriver, dont l’aspect financier, alors que le projet est évalué à 1,6 milliard $, dont 800 millions d’investissements à Bécancour. «Ça ne se trouve pas dans le pay cash day», illustre-t-il.

Celui-ci admet également que pour trouver du financement, il lui faut d’abord que Quest obtienne un permis d’exploitation. Pour l’avoir, l’entreprise devra d’abord passer devant le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE), ce qui est obligatoire pour un projet de traitement de terres rares.

Des embûches d’ordres technologiques se dressent également devant les promoteurs. «Nous nous sommes associés avec des promoteurs, mais ce n’est pas pour rien qu’il n’y a pas d’entreprise qui fait de la séparation d’oxyde en Amérique», fait valoir Pierre Lortie.

Québec présent à chacune des étapes

Pas moins de trois ministres s’étaient déplacés à Bécancour pour faire cette annonce en grande pompe, signifier leur appui à ce projet, et en profiter pour relancer le Plan Nord qui doit avoir des retombées dans toutes les régions du Québec.

Québec sera effectivement partenaire par le biais d’Investissement Québec et du fonds Capital Mines Hydrocarbures qui prévoit des prises de participations de 500 millions $ au Nord et de 500 millions dans les autres régions.

Sans dévoiler un montant précis réservé au projet, le ministre Jean-Denis Girard a assuré que le gouvernement allait être présent à chacune des étapes du projet. «Ce sera à analyser au fur et à mesure des étapes», a-t-il commenté le ministre Jean-Denis Girard.

Des risques calculés

En étant partie prenante du projet le gouvernement libéral prend aussi des risques, mais les ministres estiment qu’il sera «structurant» pour l’économie québécoise.

«Il faut prendre des risques pour faire avancer l’économie du Québec, a fait valoir Jean-Denis Girard. Plusieurs entreprises pourront performer dans des secteurs d’avenir. En étant partenaire, nous allons également en retirer des bénéfices».

Il faut dire que le gisement du complexe de Lac Brisson qui alimentera les usines de traitement et de séparation qui sont prévues à Bécancour, est composé à 45% de terres rares lourdes, un type qui est très en demande.

Même que la Chine, qui génère 97% de la production mondiale de terres rares, devra importer des volumes importants de terres rares lourdes puisque sa production est constituée largement de terres rares légères, selon ce qu’a fait savoir le président de Quest, Pierre Lortie.

Ces terres rares lourdes sont essentielles pour la fabrication d’aimants permanents à haute performance qui sont utilisés pour la fabrication de véhicules électriques et dans l’industrie des éoliennes.

Un projet stratégique

Les terres rares sont également «stratégiques» pour le Québec et pour l’ensemble de la planète étant donné leurs propriétés qui sont recherchées dans la fabrication de produits de hautes technologies.

«Actuellement, la Chine en restreint l’exportation, ce qui laisse la possibilité à de nouveaux projets de voir le jour. C’est donc une opportunité pour Quest qui compte occuper 4% du marché des terres rares», indique le ministre des Mines, Luc Blanchette.

Celui-ci y voit également une possibilité de diversification de l’industrie minière et le développement d’une expertise de pointe dans ce domaine.

La stratégie maritime, dont les budgets seront dévoilés au cours des prochaines semaines, sera également mise au service de Bécancour afin d’y créer des emplois, et le projet de Quest entre en droite ligne avec ses objectifs a fait valoir le ministre délégué à l’Implantation de la stratégie maritime, Jean D’Amour.

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