Dans l’ombre de la grande entreprise

ENTREPRENEURIAT. Plusieurs intervenants du milieu économique s’entendent pour dire que la force de Bécancour-Nicolet-Yamaska est sa diversité économique. On retrouve en effet des entreprises dans différents secteurs d’activité: agroalimentaire, commerces, bois, métaux, meubles, services, etc.

«On travaille avec les plus petites entreprises. Ce sont elles qui créent la diversité économique. Et dans le cas de fermetures de grandes entreprises, elles viennent faire un contrepoids», souligne d’entrée de jeu Steve Brunelle, directeur général de la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) de Nicolet-Bécancour.

Pour appuyer ses propos, M. Brunelle soulève que la SADC aide financièrement plus d’une centaine d’entreprises, ce qui représente quelque 1100 emplois. «Plus de 1000 employés, c’est l’équivalent d’une grosse entreprise. Par contre, dans le cas de PME, une fermeture n’entraînera pas les mêmes impacts.»

Il faut aussi rappeler que la plupart des entreprises comptent une moyenne de 10 employés, qui œuvrent dans différentes sphères comme les ressources humaines, la représentation, la vente, la production …

La situation géographique de la Rive-Sud est également un avantage, selon Guy Masson, directeur des services financiers à la SADC de Nicolet-Bécancour. «Il y a vraiment des opportunités d’affaires dans la région. Je pense qu’on a un bon potentiel d’expansion dans Nicolet-Bécancour. On retrouve beaucoup d’entreprises de Trois-Rivières, par exemple, qui choisissent d’ouvrir une deuxième succursale ou un deuxième commerce chez nous.»

De plus, les entreprises d’ici peuvent compter sur des accès routiers importants, un bon bassin de population, sans compter la présence de l’Université et du Cégep à proximité, ce qui est synonyme de main-d’œuvre qualifiée.

«Cependant, la centralité du territoire fait en sorte qu’on est entouré d’épiceries à grande surface et de centres commerciaux. Il faut donc que nos entreprises se démarquent par leurs produits ou leurs services, renchérit Steve Brunelle. Notre souhait est que les PME continuent de progresser et profitent des avantages du territoire.»

Par ailleurs, l’un des mandats de la SADC est de créer un environnement favorable à l’expansion des entreprises.

Tirer des leçons du passé

Beaucoup de petites et moyennes entreprises de la Rive-Sud font de la sous-traitance dans le parc industriel et portuaire de Bécancour. Cela dit, la SADC les sensibilise afin qu’elles ne soient pas dépendantes d’une seule grosse entreprise. C’est l’une des leçons tirées de la fin de Norsk Hydro, en 2007.

«On a vu là un bel exemple de ce qu’il faut éviter le plus possible, parce qu’être dépendant d’un seul client, c’est un certain danger. Nos entreprises doivent vraiment diversifier leur portefeuille et développer des clientèles différentes. À l’époque, pour des entreprises, Norsk Hydro représentait entre 25% et 30% du portefeuille. La fermeture a eu pour elles des conséquences directes sur leur production», raconte M. Masson.

Dans le cas de la centrale nucléaire Gentilly-2, le directeur général de la SADC estime que les impacts sur certaines industries commencent à se faire sentir. «Pour G-2, je dirais que ça s’est passé en deux temps. D’abord, au départ, on était beaucoup plus dans l’incertitude et l’anticipation, soutient Steve Brunelle. Là, on est plus dans les effets; mais c’est une question de perception. Le temps nous dira quels auront été les contrecoups et les impacts financiers de cette fermeture.»

Évolution et relève

Dans la région, la crise économique mondiale de 2008-2009 n’a pas eu trop d’impacts du point de vue du démarrage d’entreprises et du développement des affaires. Par contre, depuis 2013, Guy Masson et Steve Brunelle notent qu’il y a un certain essoufflement. Ils jugent que la reprise est plus difficile et observent une «prudence à l’investissement».

Guy Masson est toutefois convaincu que la culture entrepreneuriale se vit et que les gens ont envie de démarrer leurs projets d’affaires. «Nos données tendent à démontrer que beaucoup de jeunes veulent partir leurs entreprises et ça, c’est très positif.»

D’ailleurs, la SADC cherche à sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat, par de nombreux projets. L’organisation vise aussi à leur faire connaître les opportunités d’emplois ici, avant qu’ils quittent la région pour leurs études.

Dans 10 ans…

Le directeur général de la SADC de Nicolet-Bécancour, Steve Brunelle, rêve à une émergence d’entreprises. Il suggère trois trucs pour y parvenir:

• Les entrepreneurs doivent continuer de faire du réseautage, se parler et partager les défis auxquels ils font face.

• Les entreprises doivent demeurer à l’affût des besoins de la clientèle et les organisations économiques, comme nous, devons aussi être à l’écoute des entrepreneurs.

• Les consommateurs doivent réaliser à quel point ils ont un pouvoir important en achetant «local».

Suivez Joanie Mailhot sur Twitter: @Jo_Mailhot